Monsieur Ouine
EAN13
9782859207823
ISBN
978-2-85920-782-3
Éditeur
Le Castor Astral
Date de publication
Collection
Littérature
Nombre de pages
310
Dimensions
21,6 x 14,2 x 2,8 cm
Poids
425 g
Langue
français
Code dewey
843
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La vie du livre Monsieur Ouine est aussi agitée et voyageuse que celle de Georges Bernanos. Commencé à Toulon en février 1931, abandonné et repris en décembre 1932, en parti perdu - une vingtaine de pages manuscrites qui seront à réécrire s'envolent de la sacoche de sa moto entre Aix et Marseille -, le roman, annoncé chez Plon pour 1935, est achevé en 1940 au Brésil après les pérégrinations de son auteur d'Espagne en Paraguay. Édité en 1943 chez Atlantica Editora par Charles Ofaire, un éditeur suisse installé à Rio, il paraît finalement à Paris chez Plon en 1946. En 1943, trop occupé par son installation dans une fazenda du bout du monde, Bernanos a donné son accord à Ofaire sans corriger les épreuves. En juin 1945, à la veille de son retour en France, Bernanos remet à son ami un paquet volumineux et bien ficelé : « Gardez ça, si vous le voulez bien. Je ne peux pas le transporter en Europe, c'est trop encombrant. » Trois ans après la mort de Bernanos, da Cunha ouvre le paquet. Il y découvre des copies d'articles, le début d'un ouvrage que Bernanos envisageait d'écrire sur Martin Luther, et des dizaines de feuilles portant des passages inconnus de Monsieur Ouine. Venu en France, il les confie à Albert Béguin qui, en 1955, publie le roman dans sa totalité. Paradoxalement, il naît une oeuvre parfaitement construite et achevée avec, sur fond de crime non élucidé, un début - la rencontre d'un enfant et d'un homme -, une fin - la mort de l'homme et la solitude de l'enfant -, des épisodes intercalaires qui, par petites touches comme d'un tableau, éclairent le sujet du roman, sa raison d'être : la mort intellectuelle et spirituelle d'une communauté que symbolise la destruction de l'enfant Steeny par le génie du mal, Monsieur Ouine. Mettre au point une telle fable, en maîtriser les différentes parties qui relatent les faits du quotidien d'un village où un crime suscite les suspicions et les dénonciations anonymes, pour finalement conduire le lecteur à la fin d'un monde par le truchement du désespoir d'un prêtre, ce n'est pas là de ces oeuvres littéraires qui coulent aisément de la plume, surtout quand les problèmes matériels de la vie de tous les jours posés au père de famille s'ajoutent aux angoisses du romancier qui délaisse son oeuvre pour d'autres dites alimentaires. Avec le filtre du temps, Monsieur Ouine est aujourd'hui considéré comme le sommet de l'art de Georges Bernanos. D'abord titré La Paroisse morte, il s'agit à la fois d'un récit policier et d'une galerie de portraits où l'on retrouve les personnages bernanosiens déjà rencontrés dans les précédents romans. Comme une sorte de viscosité cachée, se trouve l'étrange ancien professeur Monsieur Ouine dont le corps est mou, l'esprit perdu et la souffrance terrible. On commence à lire ce roman dans la chaleur étouffante d'une journée d'été dans un maison morte - la maison d'un mort homonyme - pour le terminer autour du corps flasque et suintant de Monsieur Ouine. Georges BERNANOS (1888-1948), homme de foi et de passion, chrétien de combat et solidaire des pauvres, anticonformiste et polémiste, débute dans le journalisme en collaborant à L'Action Française. Il rompt toutefois avec Maurras dès 1932, allant jusqu'à critiquer âprement nombre de principes qu'il avait jusque-là défendu et se rapprochant entre autres de Mauriac et Malraux. À son retour des tranchées en 1918, il devient inspecteur d'assurances. Son premier roman, Sous le soleil de Satan, publié le 18 mars 1926 (il a alors 38 ans), remporte un succès considérable qui le convainc de se consacrer exclusivement à l'écriture. S'attaquant au conformisme bourgeois au nom de ses convictions catholiques, s'affirmant « ni de gauche ni de droite » et ne se rangeant dans aucun parti, le romancier du « réalisme surnaturel » et des conflits intérieurs est surtout l'ennemi de toutes les veuleries qui diminuent l'homme et de toutes les tyrannies qui l'écrasent. Bernanos s'installe aux Baléares en 1934, où il écrit son second chefd'oeuvre, Journal d'un curé de campagne. Lorsque éclate la guerre civile espagnole, écrivain témoin de son temps, il ne tarde pas à prendre le parti des victimes dans le violent pamphlet antifranquiste Les Grands Cimetières sous la lune (1938), pourfendant avec véhémence la compromission du clergé. Face à la montée des fascismes, il quitte ensuite l'Europe pour s'installer au Paraguay (un rêve d'enfance), puis au Brésil, où il entreprend l'élevage de buffles. Il y passera la guerre en défendant sans cesse la cause de son pays déchiré et devenant l'un des plus grands animateurs spirituels de la Résistance française. En juillet 1945, Bernanos rentre en France où il meurt trois ans plus tard. Son oeuvre romanesque est constamment rééditée.
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