Pouvoirs de la lecture, De Platon au livre électronique
EAN13
9782348072307
Éditeur
La Découverte
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Pouvoirs de la lecture

De Platon au livre électronique

La Découverte

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Lorsque je lis, une voix en moi m'intime de lire (" lis ! "), tandis qu'une
autre s'exécute, prêtant sa voix à celle du texte, comme le faisaient les
antiques esclaves lecteurs que l'on rencontre notamment chez Platon. Lire,
c'est habiter cette scène qui, même lorsqu'elle est intériorisée dans une
lecture apparemment silencieuse, reste plurielle : elle est le lieu de
rapports de pouvoir, de domination, d'obéissance, bref, de toute une
micropolitique de la distribution des voix.
L'écoute attentive de la polyphonie vocale inhérente à la lecture conduit vers
ses zones sombres : là où, par exemple chez Sade ou dans des jurisprudences
récentes, elle peut devenir un exercice violent, punitif. Mais en prêtant
ainsi l'oreille aux rapports conflictuels des voix lisant en nous, on est
aussi conduit à revisiter l'idée, si galvaudée depuis les Lumières, selon
laquelle lire libère. Les zones sombres de la lecture sont ses zones grises :
là où lectrices et lecteurs, en faisant l'épreuve des pouvoirs qui
s'affrontent dans leur for intérieur, s'inventent, deviennent autres.
Aujourd'hui plus que jamais, à l'ère de l'hypertexte, lire, c'est faire
l'expérience des puissances et des vitesses qui nous traversent et trament
notre devenir.
Cette archéologie du lire dialogue avec nombre de théories de la lecture, de
Hobbes à de Certeau en passant par Benjamin, Heidegger, Lacan ou Blanchot.
Mais elle s'attache aussi à ausculter, d'aussi près que possible, de
fascinantes scènes de lecture orchestrées par Valéry, Calvino ou
Krasznahorkai.
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