L'héritage Dickens

Louis Bayard

Le Cherche Midi

  • Conseillé par
    5 décembre 2011

    « Un chant de noël » de Dickens, fait partie de mes romans cultes, une des premières histoires qui a marqué mon enfance de lectrice. Le roman de Louis Bayard nous proposant de suivre Tim - le petit garçon estropié qui réussissait à émouvoir ce vieux grippe-sou de Scrooge - une fois devenu adulte, je ne pouvais pas passer à côté de cette lecture.
    Et c’est un récit plutôt surprenant que nous livre Louis Bayard. Un savant mélange entre le thriller et le classique, l’auteur rendant hommage à Dickens tout en nous faisant suivre une enquête, un peu à la manière d’un détective. L’évocation de Dickens se présente de différentes façons. Tout d’abord, par l’écriture de Louis Bayard, qui rappelle le style d’antan, avec ses expressions imagées, ses longues phrases, le classicisme de sa narration. C’est magnifiquement écrit, dans un style évocateur qui sait si bien rendre l’atmosphère victorienne. Comme Dickens, Louis Bayard réussit à nous promener entre les bas-fonds de Londres et les quartiers huppés, entre la misère et la décadence, l’ambiance du roman étant parfaitement restituée.
    L’autre allusion au cachet « Dickens », ce sont les remembrances de Tim, qui distille tout au long du roman, des bribes de son enfance. Nous apprenons à travers ses courts retours vers le passé, comment le jeune garçon a guéri de sa maladie, comment sa famille s’est finalement sorti de sa pauvreté, et ce qui l’a poussé à devenir ce qu’il est aujourd‘hui. Le fait qu’il croise le fantôme de son père à maintes reprises, n’est d’ailleurs pas sans rappeler « Un chant de noël » et ses spectres. Un véritable « Héritage Dickens » ! Voilà qui devrait plaire à tous les fans de l’auteur, ainsi qu’aux curieux comme moi qui se demandent ce qu’a bien pu devenir le petit Tiny Tim.
    Cependant, le lecteur n’ayant jamais lu « Un chant de noël » trouvera son compte dans l’intrigue policière, fort bien construite et sinistre à souhait. Je ne m’attarderai pas longuement dessus, pour ne point vous gâcher le plaisir de la découverte, mais sachez que l’intrigue est surprenante, je me suis plus d’une fois fait mener en bateau. Trahison, meurtres et faux-semblant sont de la partie pour une enquête effroyable, où les gens bien comme il faut ne sont pas ceux que l’on croit. Voilà de quoi vous perdre pendant de longues de lecture. Qu’on se le dise, l’esprit de Dickens vit encore !


  • Conseillé par
    31 octobre 2011

    Angleterre victorienne à dévorer

    Quand j’ai lu le résumé de ce livre au hasard de mes détours sur le net, il m’a de suite fait envie. Depuis que j’ai lu Sans âme je suis friande de ces livres faisant référence à cette époque anglaise victorienne. Bon, ici rien de bien fantastique, mais une enquête policière qui a l’air prometteuse.

    Vous connaissez tous ce conte de Noël, où un patron pingre et aigri reçoit la visite de trois fantômes qui le font voyager dans le passé, le présent et le futur. À la suite de ces visites, il prend conscience de sa « méchanceté » et offre le meilleur des Noëls à la famille de son employé jusqu’alors exploité. L’histoire s’arrête là et on s’imagine tous que la misère de la famille de l’employé est terminé et qu’ils vont enfin vivre heureux.
    L’auteur nous propose de retrouver cette famille et plus précisément le dernier né, Timothy qui était handicapé d’une jambe. Soigné grâce à l’argent du « pingre », l’Oncle N, il est aujourd’hui jeune adulte et ne fait plus que boiter légèrement. Suite à la mort de ses parents, il vit dans une « maison close » où il a obtenu le gîte et le couvert contre des leçons de lecture dispensées à la maitresse des lieux. Sa vie lui convient comme ça, entre routine et apparitions (que je vous laisserais découvrir), lorsqu’il découvre, à peu de temps d’intervalle, le cadavre de deux fillettes dont le corps est marqué d’un G comme du vulgaire bétail. Il décide de mener l’enquête lorsqu’il croise une petite fille qui pourrait avoir un lien avec ces meurtres.

    J’ai beaucoup aimé cette histoire, et pour plusieurs raisons. La première, et la plus évidente, et que j’aime les histoires policières et celle-ci est vraiment très bien menée, je me suis laissée balader pendant une bonne partie du livre. Je ne vous en dirais pas plus, parce que l’intrigue inventée par l’auteur est vraiment très bien imaginée.

    Ensuite, j’ai aimé me replongé dans cette Angleterre Victorienne. J’aime vraiment l’atmosphère de ce Londres particulier à cette époque, qui est en plus superbement décrit par l’auteur, il ne me manquait plus que l’odeur (enfin non, pas vraiment, vu les odeurs de l’époque). Louis Bayard étant américain, je salue ici le travail de recherche complet.
    Puis, j’ai apprécié l’originalité qui réside à exploiter un conte de Noël très connu, d’en prendre les personnages et de nous les montrer une vingtaine d’année après. Fini ici les bons sentiments, la réalité reprend ses droits, confrontant la famille aux problèmes inhérents à l’époque. Nous ne sombrons pas ici dans le « pato », mais l’auteur nous montre en quoi consistait exactement la vie de cette époque. Cette confrontation réalité/conte m’a vraiment ravi.

    Et enfin, j’ai apprécié cette petite touche de fantastique qui m’a parfois perdre certains repère, mais qui rend le personnage de Timothy encore plus attachant.

    Bref, une agréable lecture, avec des personnages hauts en couleurs, un style clair et incisif qui m’ont donné envie de lire d’autres livres de cet auteurs.


  • Conseillé par
    22 septembre 2011

    Londres, 1860, Tim Cratchin trouve un emploi de précepteur dans une maison close. Il apprend à lire et à écrire à la tenancière Mme Sharpe en échange du gîte et du couvert. Vivotant, malgré la rente mensuelle que lui verse son oncle, il aide également de temps en temps le capitaine Gully à repêcher les cadavres dans la Tamise. Les rues de Londres ne sont pas sûres et Tim découvre le corps d’une fillette d’une douzaine d’années marquée de la lettre G.Ce corps n'est que le premier...

    Tim Cratchin, ce nom vous titille? Ne cherchez pas plus loin ! Ill s’agit bien du personnage célèbre issu d’un conte de Noël de Dickens. Et là si vous paniquez parce que vous ne l’avez pas lu, je vous rassure : moi non plus (mais j’ai vu des adaptations au ciné). Tim est désormais âgé de vingt-deux ans et orphelin. En tout cas, nul besoin d’avoir une machine à remonter le temps pour se sentir à Londres aux côté de Tim (ou de Monsieur Timothy). L’écriture très visuelle de Louis Bayard nous donne vraiment l’impression d’y être! On voit le brouillard tomber, les ruelles malfamées et les échoppes, on entend les cochers huer les chevaux. Vous l’aurez compris, il s’agit d’une immersion totale ! Le récit est émaillé des souvenirs de Tim concernant son père dont il imagine souvent la présence. Aidé par Colin un garçon des rues poussant la chansonnette, il parviendra à résoudre l'énigme de cette affaire. Si j’ai trouvé l’intrique assez légère dans son ensemble, certains points m’ont fait quand même réagir : l’âge des victimes et à ce quoi elle étaient destinées. Mon bémol est largement compensé par l’écriture relevée qui émoustille les neurones. Raconté par le jeune homme, cette histoire se lit toute seule. Et cerise sur le gâteau : il y a de l’humour !

    J’allais dire un bon roman mais il s’agit d’un policier … L’un ou l’autre, un livre à ne pas rater !