L'Effondrement et autres histoires

Je suis sûr que le lecteur qui rencontrera Armonía Sommers pour la première fois s'arrêtera de lire de temps en temps pour se demander comment fonctionne cette fascination inexplicable, à quoi ressemble-t-elle. Il s'agit d'un mécanisme de raréfaction du monde, d'une manoeuvre hallucinatoire de la représentation, d'une fièvre programmée qui interfère entre les mots et les choses. L'énergie poétique de la prose qui fait avancer ces fictions par agglutinement. Tout dépend de cette énergie : il n'y a pas ici (ni dans les lieux, ni dans le parler des personnages, ni dans le ton du narrateur) un seul trait de couleur locale. La ville, la campagne, les caractères ont (malgré l'épaisseur de leur matérialité, malgré les jus corporels qui suintent, malgré leurs odeurs et leurs stridences) une certaine universalité abstraite. Mais chaque circonstance est minutieusement, saturée, volontairement surchargée par l'écriture. De la préface de Gustavo Espinosa