Le textile et l'image

Si les images partout prolifèrent et nous interpellent, si elles focalisent nos désirs, inondent nos échanges, agrippent nos regards, le textile, lui qui nous enveloppe “ des langes au linceul ”, reste insignifiant. Pourtant, dans bien des civilisations, il a joué un rôle fondateur. Le geste de tisser a été par excellence celui des femmes, geste que les hommes ont soumis à l’image et à leur profit. Pourtant, nos réseaux d’aujourd’hui se disent en mots textiles – toile à la dimension du monde, filet entre nous. Tisser fut le premier geste binaire de l’humanité, et le tissu son premier système visuel. Le livre interroge d’abord les lueurs de l’ancienne mémoire, images pariétales et bribes textiles, et les gestes en eux-mêmes : en quoi tisser diffère de peindre. Puis un large parcours – Asie, Afrique et Grèce ancienne notamment – détaille dans les mythes fondateurs les rôles de l’image et du textile, ainsi que ceux différenciés de la femme et de l’homme. Puis, dans le temps de ce qui va devenir l’Histoire, on suit l’émergence sacrificielle de l’image et son rapport aux pouvoirs qui se mettent en place (Mésopotamie), avant d’analyser deux modèles fondateurs de l’image – idole et icône – des anciens Grecs à la chrétienté naissante. Et on porte la même attention, aux motifs, à l’Islam et au textile. Enfin, en se rapprochant d’aujourd’hui, le livre confronte l’art et le textile – Tapisserie, Fiber Art – mais aussi les proximités du modèle textile et des réseaux numériques. Il tente in fine de discerner en quoi la reconnaissance du textile comme modèle peut être pertinente, en ces temps de globalisation.